Rendez-vous à la Place Vendôme pour rencontrer Lorenz Bäumer, joaillier et créateur de la prestigieuse marque de bijoux Bäumer.
LH: Vous avez fait vos études d’ingénieur. Quand avez-vous réalisé que vous vouliez vous lancer dans la joaillerie ?
LB: J’ai toujours créé des objets. C’est le créateur, c’est celui qui ne voit pas ce qui le satisfait et qui crée les besoins. En France, j’ai créé le skateboard avec des roulettes de patins que j’ai récupéré, j’ai fait des meubles et des flacons de parfum, mais j’ai créé principalement des bijoux. Parce que les bijoux c’est une histoire personnelle. Ma maman qui est femme de diplomate et qui est super, lorsqu’elle sort le soir, elle devient une princesse. Elle mets des bijoux et c’est le bâton magique que transforme les femmes en princesses : le bâton magique ce sont les bijoux. C’est comme ça que je me suis concentré aux bijoux mais on fait plein d’autres choses aussi.
LH: Vous avez conçu la boutique de la place Vendôme. Quelles sont vos sources d’inspiration pour la décoration ?
LB: On a fait la décoration de la boutique et dans ce cadre, comme je suis un très grand collectionneur, nous avons une très belle collection 250 photos de la colonne Vendôme qui date de 1850 à aujourd’hui. Ce qui fait partie de la décoration à travers ce côté collectionneur.
LH: En tant que joaillier renommé, quelles sont les valeurs et les principes fondamentaux que vous souhaitez transmettre à travers vos créations ?
LB: Il y a plusieurs choses : tout d’abord ce qui nous rend spécifique dans la joaillerie. Dans la joaillerie lorsqu’on créer, je dis toujours que bijoux sont les compagnons du bonheur. Et qu’est-ce qui rend les gens heureux ? C’est la qualité de relation avec les
autres. Les bijoux que nous créons ici permettent de partager quelque chose. Et travers cela, de raconter une histoire, qui est parfois inspiré de ma vie personnelle. Par exemple, pour la naissance de mon premier fils j’ai dessiné une une ligne “le battement de cœur”. C’est quelque chose de personnel comme presque tout ce que je créer ici. Ce n’est pas du marketing et le battement de cœur permet à quelqu’un de raconter ce que l’on aime. J’ai offert à mes enfants tous les battements, chaque enfant porte un battement de cœur. Ils le portent tout le temps et ils savent quand ils le voient que je les aime. C’est une déclaration permanente que l’on peut faire. On peut faire ça a chacun de nos bijoux.
Et à travers trois valeurs qui sont le beau, on fait des choses qui sont belles. Donc, quand je rate un bijou, ce qui m’arrive, on le détruit, il porte pas mon nom. Mon nom est uniquement sur ce qui est beau et ça se traduit aussi dans la boutique à travers la musique aussi que je choisi. Je choisi moi-même la playlist, et je vais moi-même acheter les roses parvenue je les trouve très belles. Donc tout contribue à la création de tout ceci. C’est pas uniquement que les bijoux.
Ensuite on a un autre élément qui est très important. On est dans l’excellence et dans l’authenticité. Ma vocation n’est pas de fabriqué en France. Ma vocation est d’amener les meilleurs artisans au monde pour faire mes créations. La grande chance que l’on a en France c’est que nous avons un savoir-faire extraordinaire. Par exemple, la taille de mes diamants n’est pas faite à Paris, Tel-Aviv ou à New York ou ailleurs. Mes saphirs et les pierres de couleur ne sont pas trouvé qu’à Paris. Elles viennent de Nouvelle Zélande, de Birmanie, de plein d’endroits dans le monde. Lorsqu’on regarde un bijou, c’est pas où est-il fait qui compte, mais c’est plutôt où est-ce que chaque partie est faite.
Parfois, ce qu’on voit le plus, c’est la pierre ou suivant les pierres , l’endroit où elles sont faites. On essaye à chaque fois d’avoir le meilleur qui va vous créer cela. On essaye d’être authentique dans tout ce que nous faisons. Lorsque je créer un bijou je le fais vraiment parce que je l’aime. Je suis le seul créateur indépendant de la Place Vendôme, je peux faire ce que je veux.
Personne va me dire: « Je n’aime pas les roses roses » ou « Je n’aime pas ceci ou cela ». Je suis vraiment libre de créer ce que je désire créer et c’est ce qui me rend vivant.
LH: Comment se déroule l’expérience de la création d’un bijou spécial pour le mariage du Prince Albert de Monaco et la Princesse Charlène de Monaco ?
LB: J’ai un ami qui s’occupe des collections princières et à l’occasion de leur mariage, le palais princier, en particulier le prince Albert, a passé un appel où il avait demandé aux 3-4 bijoutiers plus connu de la Place Vendôme, de lui proposer un dessin de Tiara. Cet,ami m’avait dit: « Je lui ai proposé aussi ton profil pour que tu puisses présenter quelques dessins ».
Ça été des dessins anonymes, tous au même format. Ils ont été mis sur une table sans qu’on sache qui les avait fait. Le Prince et sa fiancée la Princesse Charlène ont choisi mon dessin. Et ce qui est assez amusant, c’est l’histoire. Ce sont des femmes qui deviennent des princesses à travers les bijoux qu’on dessine pour elles. Et c’est exactement ce qui s’est passé : Charlene est devenu princesse entre autres de façon symbolique à travers de la Tiara.
LH: Les pierres précieuses font partie des matériaux que vous utilisez pour vos créations. À laquelle vous identifiez-vous le plus et pourquoi ?
LB: J’aime toutes les pierres, et lorsqu’une personne vient acheter une pierre chez moi, il faut qu’il tombe amoureux. C’est la première réaction : adorer sa pierre. Il faut avoir un véritable coup de cœur. Je n’ai que des pierres coup de cœur chez moi, ce ne sont que des pierres très chers comme les diamants de couleur. Nous sommes très connu pour les diamants en couleurs, que j’aime beaucoup d’ailleurs. Ça peut être une très belle améthyste, j’en ai une table entièrement ,faite de cristaux d’améthyste. Donc on a tout un spectre de pierre que j’aime beaucoup. J’aime particulièrement les diamants de couleur, parce c’est d’une rareté extraordinaire. Elle reflète la lumière.
LH: Vous avez réalisé plusieurs collaborations avec des maisons de luxe. Pouvez-vous partager une expérience mémorable de collaboration avec un artisan ou un expert dans le domaine de la joaillerie ?
LB: À chaque fois c’est magique et c’est comme un mariage où on apprend des choses et où on voit les choses différemment à travers le regard des artisans avec lesquels on avait pas l’habitude de travailler. J’ai eu la chance à travers Guerlain. D’ailleurs, j’adore collaborer avec la maison baccarat. C’est un endroit magique. si on arrive à 5 heure du matin, il y a les lumières à l’intérieur, c’est magique. A travers le savoir-faire des hommes on arrive à transformer la matière et en particulier: C’est l’art du savoir- faire. La façon dont on taille ce que la nature nous donne, c’est exactement ce qu’on fait avec les pierres. Donc, on peut essayer d’inventer des détails, mais à grande échelle.
Et grâce aux artisans, on a pu réaliser des facettes concave au lieu de faire des facettes plate, qui donnent beaucoup plus de lumière à l’objet sur les ailes de l’abeille de Guerlain. Il y a beaucoup d’éclat parce que il y a l’épaisseur de la matière.
LH: À quoi ressemble une journée typique dans la vie de M. Baümer ?
LB: Il n’y a pas de journée typique, mais elle commence toujours en général comme ça: 6 heures du matin: je fais des dessins, je fais une heure de sport. À 9h, j’arrive à la boutique et dans la journée, ce qui est formidable, c’est le mélange de plein de choses : ça peut être des rencontres, une visite, un atelier qui vient, le temps de dessiner un petit peu, de regarder différentes choses. En général, on organise des déjeuner ici sur place. C’est toujours des rencontres. On a pas des clients, on a des amis de la maison.
LH: Quelles sont vos aspirations en tant que joaillier pour les années à venir ? Y a-t-il des projets ou des réalisations que vous souhaitez particulièrement accomplir ?
LB: J’ai la chance d’avoir un associé qui m’accompagne et qui canalise un peu tout et on réfléchit à ce qu’on veut faire toujours. Souvent les projets sont nourris par mes rencontres. Par exemple, on a rencontré quelqu’un qui travaille les météorites, qui fait des tatouages sur les diamants et chaque nouvelle rencontre donne lieu à une collection.
Par exemple, dernièrement, ma femme a eu la bonne idée d’adopter des chats. Je ne suis pas un fan de chats, mais ils sont très beaux et j’ai décidé de faire une petite collection de bague « chat », de collier « chat » et de bracelet « chat. »
LH: Comment trouvez-vous l’équilibre entre l’innovation et la préservation des traditions dans le domaine de la joaillerie ?
LB: On a toujours un pied dans le savoir-faire, et le meilleure exemple c’est la phrase de Karl Lagerfeld: « c’est de faire un avenir meilleur avec les éléments élargie du passé ». Dans tout ce que l’on fait, on s’appuie toujours sur un héritage de savoir-faire, et ensuite on essaye d’introduire de la modernité, des nouvelles techniques, une nouvelle façon de faire. Ce qui est un peu notre rôle de créateur.
LH: Pouvez-vous partager des conseils ou des recommandations pour les jeunes talents qui souhaitent se lancer dans l’industrie de la joaillerie ?
LB: La première chose c’est qu’il faut être passionné par ce que l’on fait. Est-ce que lorsqu’on est passionné, ça permet de surmonter les difficultés? Si l’on est pas passionné, on arrête et on arrive pas aller de l’avant. Et ce qui est intéressant c’est de vivre de ses passions.
La seconde chose que je trouve important c’est la curiosité en tant qu’enfant de diplomate, on a voyager dans plusieurs pays et il fallait s’adapter et essayer de comprendre les nouvelles cultures. La curiosité permet de nourrir la passion et les choses. Thomas Edison, disait: « 5 % d’inspiration, 95 % de transpiration ».
La Troisième valeur, c’est vraiment le travail, il faut en faire beaucoup, c’est aussi la règle de dix mille heures, qui dit que pour être bon dans quelque chose il faut l’avoir fait au moins 10,000 fois.
LH :Un grand merci pour ce moment. On adore tout ce que vous faites.